Les femmes dans l'industrie musicale québécoise : portrait d'une révolution
Longtemps restées dans l’ombre ou cantonnées à certains rôles, les femmes s’imposent aujourd’hui comme des forces créatrices, techniques et entrepreneuriales majeures dans l’industrie musicale québécoise. En 2025, cette révolution est non seulement visible, mais elle structure en profondeur les pratiques et les représentations dans le secteur musical.
Des artistes qui prennent le pouvoir
Du côté de la scène, les artistes féminines brillent par leur audace et leur engagement. Klô Pelgag, La Zarra, Sarahmée, Ariane Roy ou Laurence-Anne s’illustrent dans des styles variés – de la pop alternative au hip-hop engagé – avec des paroles puissantes qui abordent des sujets comme l'identité, le corps, les rapports de pouvoir ou la résilience.
Ces artistes ne se contentent plus d’interpréter. Elles écrivent, composent, produisent, dirigent leur image et prennent des décisions stratégiques concernant leur carrière. Elles s’inscrivent dans une logique d’autonomie artistique affirmée.
Les coulisses se féminisent
La révolution est aussi silencieuse qu’efficace derrière la scène. De plus en plus de femmes deviennent réalisatrices, techniciennes du son, bookeuses, directrices artistiques, productrices. Le nombre de femmes à la tête de maisons de disques indépendantes et de labels émergents au Québec a doublé en cinq ans.
Le Collectif Femmes* en Musique, fondé en 2020, offre un réseau solide pour soutenir les carrières féminines. Il a lancé des programmes de mentorat, des ressources éducatives et des laboratoires de création pour accompagner les femmes et les personnes non-binaires dans leurs projets musicaux.
Des scènes plus inclusives
En festival aussi, la tendance est à la parité. Les Francos de Montréal, le Festival d’été de Québec et Pop Montréal s’engagent à proposer des programmations équitables. De nombreux diffuseurs exigent désormais que leurs affiches soient équilibrées en termes de genres.
En 2025, près de 45 % des têtes d’affiche des festivals québécois sont des femmes ou des groupes à majorité féminine – une première historique. Cette dynamique contribue à déconstruire les stéréotypes liés aux genres musicaux.
Un combat encore actuel
Si les avancées sont indéniables, les obstacles demeurent. Inégalités salariales, sous-représentation dans les jurys de concours ou les postes décisionnels, sexisme ordinaire, harcèlement : les témoignages sont nombreux et appellent à maintenir les efforts.
Plusieurs initiatives citoyennes, comme FIKA(S) et shesaid.so MTL, organisent des panels, enquêtes et actions concrètes pour faire bouger les mentalités. Le Code de conduite inclusif est désormais adopté par plusieurs organismes culturels québécois.
« Ce que l'on vit aujourd'hui, c’est bien plus qu’un effet de mode : c’est une reconstruction complète de l’écosystème musical québécois. »
Vers un futur musical plus juste
La montée en puissance des femmes dans l'industrie musicale ne profite pas seulement aux artistes concernées, mais enrichit l’ensemble de la scène québécoise. Diversité des points de vue, multiplicité des approches créatives, renouveau esthétique : le public y gagne, tout comme la culture.
La révolution féminine dans la musique québécoise est en marche – et elle est là pour durer.
